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 Et en dessert, des muffins au chocolat. On s’est rĂ©galĂ© ! Un peu de shopping en Angleterre Nous avons Ă©galement profitĂ© de cette escapade en terres anglaises pour
 faire les boutiques !! Vive les boutiques et les produits introuvables en France. Je me suis bien sĂ»r rendue chez Boots, pour y shopper la marque Soap & Glory, et j’ai Ă©tĂ© faire un tour chez Marks & Spencer, the Body Shop et Feel unique, sans forcĂ©ment craquer pour quelque chose mais l’envie ne manquait pas !. Je vous conseille de flĂąner dans les rues principales prĂšs du port, oĂč toutes les boutiques sont concentrĂ©es. Vous ferez de jolies trouvailles, en terme de mode, dĂ©co, beautĂ© et mĂȘme sport Sport Direct est parfait en terme de tarifs. Si vous avez le temps, il est Ă©galement possible d’aller faire un tour sur les Ăźles Ă  cĂŽtĂ© de Guernesey, et notamment Herm, afin d’aller admirer les macareux ou les hĂ©rissons blonds qui y demeurent. AprĂšs une journĂ©e bien remplie, il est temps de rentrer et de reprendre le ferry, direction la France. Nous avons Ă©tĂ© enchantĂ© de cette visite Guernesey est une Ăźle trĂšs jolie, verdoyante, paisible, trĂšs agrĂ©able Ă  dĂ©couvrir et surtout dĂ©paysante ! Retrouvez toutes mes bonnes adresses sur l’application Mapstr ! Ajoutez-moi noemielacarelle Épingle cet article sur Pinterest ! Texte intĂ©gral 1En entrant dans le concert des grandes puissances maritimes, au XVIIe siĂšcle, la France sait qu’elle doit s’opposer aux Provinces-Unies et Ă  l’Angleterre. Jusque-lĂ , elle avait Ă©tĂ© relativement Ă©pargnĂ©e par les combats qui avaient opposĂ© sur mer les Anglais, les Hollandais et les Espagnols sa marine militaire existait si peu ! La France, alors reconnue comme premiĂšre puissance militaire terrestre, s’était tenue Ă  l’écart, en dĂ©pit d’une apparition sous Richelieu dans une guerre qui l’avait opposĂ©e Ă  l’Espagne. 1 Il ne s’agit pas de nier ici la proximitĂ© dangereuse de l’ennemi que reprĂ©sentait alors l’Espagne ... 2Les affrontements de ces puissances se dĂ©roulaient gĂ©nĂ©ralement au large de l’Espagne, entre le cap Saint-Vincent et les Açores, ou en MĂ©diterranĂ©e. Depuis que l’Angleterre a dĂ©cidĂ©, au milieu du siĂšcle, de disputer la suprĂ©matie maritime Ă  la Hollande, les combats se sont toutefois dĂ©placĂ©s vers le nord. En s’en prenant directement Ă  ces deux grandes puissances, en 1688, la France voit le lieu des affrontements se rapprocher considĂ©rablement de ses cĂŽtes1. Chacun peut aisĂ©ment observer l’autre et lui nuire rapidement. L’ennemi dont la France se mĂ©fiait depuis plusieurs dĂ©cennies a changĂ© de nationalitĂ©. Ce n’est plus l’Espagne, mais l’Angleterre. Il est tout proche. Seule, la mer de la Manche les sĂ©pare, mer que les Anglais ont sans doute un peu trop tendance Ă  considĂ©rer comme anglaise au goĂ»t des Français. La menace s’affiche le long des cĂŽtes bretonnes, normandes et picardes. Chaque port de la Manche doit s’adapter Ă  cette nouvelle situation. Granville est fortement troublĂ©e par cette proximitĂ©. Les Ăźles anglo-normandes sont tellement proches que, du haut des remparts, ses habitants devinent les cĂŽtes de Jersey par temps clair. Quant aux Jersiais, admirablement bien placĂ©s dans leur Ăźle, ou dans l’archipel de Chausey qu’ils n’hĂ©sitent pas Ă  occuper, ils espionnent trĂšs facilement tous les mouvements de navires entre Cherbourg et Saint-Malo. L’affrontement entre l’Angleterre et la France ne fait pourtant que dĂ©buter. C’est, en vĂ©ritĂ©, une deuxiĂšme guerre de Cent Ans qui se prĂ©pare. Granville est trop impliquĂ©e gĂ©ographiquement et diplomatiquement pour rester Ă  l’écart des affrontements. DĂšs 1689, elle retrouve une place stratĂ©gique en devenant un port de guerre par son activitĂ© corsaire. La guerre de la Ligue d’Augsbourg 1688-1697 3Pour les Granvillais, elle commence sur une action menĂ©e par des morutiers armĂ©s en guerre et marchandise. Dans un rapport dĂ©posĂ© au greffe de son amirautĂ©, Olivier Baillon, capitaine du morutier Ville de Matignon 150 tx de Saint-Malo, affirme avoir capturĂ© une caiche anglaise de 15 tx, en juillet 1689, prĂšs de Saint-Pierre de Terre-Neuve. La prise est aisĂ©ment effectuĂ©e, puisque l’équipage anglais ignore encore que la guerre est dĂ©clarĂ©e 2 AD35, 9 B 453, f° 72. Il y envoya sa chaloupe avec plusieurs de ses gens pour la prendre en vertu de sa dite commission, qu’étant au bord de ladite cache, et les Anglais ne sachant pas encore la guerre, les gens de son Ă©quipage qu’il avait envoyĂ© entrĂšrent sans aucune rĂ©sistance dans ladite cache et la conduisirent jusque dans le dit havre de Saint-Pierre2. » 4L’affaire se serait donc trĂšs bien passĂ©e si elle s’était arrĂȘtĂ©e lĂ . Il n’en est rien, car cette prise facile suscite bien des envies, notamment de la part des Granvillais 3 La Vierge de GrĂące 150 tx, cap. François Rossignol et la Reine des Anges 140 tx, cap. Jean Bail ... 4 AD35, 9 B 453 f° 72. Comme ils Ă©taient prĂȘts de mouiller et de s’amarrer sur le bĂątiment du dit sieur Baillon, les capitaines du HĂ©risson, du ClĂ©ment, de la Reine des Anges et de la Vierge de GrĂące3, qui Ă©taient aussi mouillĂ©s au dit havre, furent au bord de ladite caiche et s’en emparĂšrent, malgrĂ© ledit Baillon et ses gens, qu’ils chassĂšrent par force hors ladite caiche, laquelle ils ont ensuite vendue au sieur Mayer, ainsi qu’il a appris depuis, et se sont ainsi bĂ©nĂ©ficiĂ© par force de ladite prise4. » 5La singularitĂ© d’un tel Ă©pisode montre qu’un instinct de prĂ©dation pouvait habiter l’esprit de certains pĂȘcheurs de ce temps et fortement se manifester Ă  la premiĂšre opportunitĂ©. L’appĂąt des gains Ă©tait tel, qu’ils en arrivaient parfois Ă  se dĂ©pouiller mutuellement. Un dĂ©tail rend l’action sordide. Le capitaine de la Reine des Anges s’appelait Jean Baillon. Il Ă©tait le propre frĂšre du plaignant, Olivier Baillon, lui-mĂȘme originaire de Granville, qui contesta vivement les bĂ©nĂ©fices de la vente. Qu’en advint-il par la suite ? Faute d’archives, l’issue de cette contestation demeure malheureusement inconnue. 5 AD35, 9 B 453 f° 51, rapport de Pierre Hubert, capitaine du ClĂ©ment. 6 Ibid. 6L’activitĂ© des morutiers ne se limite pas Ă  cette action. Au cours de l’étĂ©, celles-ci se multiplient. La Reine des Anges, la Vierge de GrĂące et le ClĂ©ment s’allient au Pierre, autre Granvillais de 150 tx commandĂ© par François Hugon, sieur DelanoĂ«, pour capturer un autre petit bĂątiment d’environ douze tonneaux, lequel fut pris hors les Ăźles de Saint-Pierre, cĂŽte de Terre-Neuve5 ». Le capitaine Hubert, commandant le ClĂ©ment, dĂ©clare alors dans le mĂȘme rapport qu’étant Ă  la rade de Saint-Pierre, le vingt-septiĂšme de juin dernier, il s’empara, conjointement avec plusieurs autres capitaines de navires, d’un navire commandĂ© par Élie Nicolle, de l’üle de Jersey6 ». Ces alliĂ©s Ă©taient-ils encore les mĂȘmes Granvillais ? On peut le penser, sans toutefois en ĂȘtre sĂ»r, Ă  dĂ©faut d’informations plus prĂ©cises. De fortes zones d’ombre, parfois bien orchestrĂ©es, subsistent en effet dans les rapports. En cette fin de XVIIe siĂšcle, la lĂ©gislation rĂ©cente sur la guerre de course paraĂźt plus ou moins bien appliquĂ©e, surtout dans une zone aussi Ă©loignĂ©e de la France. Les dĂ©clarations contiennent de nombreuses imprĂ©cisions, des exagĂ©rations de toutes sortes et mĂȘme des accusations plus ou moins fondĂ©es. Il s’avĂšre parfois difficile de comprendre prĂ©cisĂ©ment les actions, leurs auteurs et mĂȘme ce que deviennent certaines prises. La ruse et l’instinct de prĂ©dation cĂŽtoient constamment l’envie et le mensonge. Ce qui est sĂ»r, c’est que les appĂ©tits de chacun semblaient bien aiguisĂ©s. 7 Selon les rapports des capitaines, la Vierge de GrĂące jaugeait 150 tx, la Reine des Anges 130 tx e ... 8 AN, Marine, F2 7, f° 239. 9 AN, Marine, F2 8, f° 124. Comme la plupart des morutiers granvillais du XVIIe siĂšcle, le Jean de G ... 10 Ibid. 7Paradoxalement, ces morutiers s’associent souvent pour capturer. De retour de campagne, la Vierge de GrĂące et la Reine des Anges s’allient maintenant au Jean de GrĂące, autre Granvillais de 250 tx commandĂ© par Pierre Lemengnonnet7. Naviguant de conserve, ils capturent un bĂątiment anglais, l’UnitĂ©, chargĂ© de beurre et de harengs, qu’ils conduisent Ă  Bordeaux, oĂč ils vont dĂ©charger leurs cargaisons de morues. Le Conseil des prises lĂ©gitime rapidement la prise8. Au moment de se partager les gains, une contestation surgit Ă  nouveau. Les deux premiers capitaines nient les droits du troisiĂšme P. Lemengnonnet Il doit ĂȘtre exclu du partage, attendu que sa commission n’est pas en bonne forme n’ayant pas Ă©tĂ© enregistrĂ©e au siĂšge de Saint-Malo d’oĂč il est parti9. » En outre, ils croient bon d’ajouter les clauses du contrat qu’ils avaient passĂ© par l’acte de sociĂ©tĂ© qu’ils ont fait ensemble, ils n’avaient point dit qu’ils se partageraient les prises, mais seulement qu’ils se dĂ©fendraient des ennemis, et que le premier qui lĂącherait pied serait condamnĂ© en une amende de 10 000 livres10 ». Au-delĂ  du diffĂ©rend qui prouve, une fois de plus, la rapacitĂ© des corsaires, cette affaire tĂ©moigne clairement de la stratĂ©gie dĂ©veloppĂ©e par des navires armĂ©s en guerre en marchandise. Ceux-ci avaient d’abord dĂ©cidĂ© de naviguer de conserve », c’est-Ă -dire ensemble, pour pouvoir se protĂ©ger mutuellement face Ă  un ennemi. Le transport de leurs cargaisons de morues leur imposait en effet de prendre des prĂ©cautions. Afin de s’assurer le soutien des autres, ils avaient mĂȘme convenu d’exiger la somme de 10 000 livres au premier d’entre eux qui cĂšderait. Il ne s’agissait pas d’une amende judiciaire, mais plutĂŽt du prix fixĂ© pour la rupture d’une parole d’honneur. Certes, la somme paraissait importante ; elle n’était pourtant nullement excessive pour un enjeu de cette nature, compte tenu des risques et des espĂ©rances en temps de guerre. Toutefois, leur comportement change trĂšs nettement lorsqu’ils rencontrent un adversaire isolĂ©, Ă©galement chargĂ© de marchandises. Puisque la commission en guerre permet la lĂ©gitimation des captures, ils dĂ©cident de l’attaquer, dans un rapport de force tout Ă  fait inĂ©gal. La vente de cette prise et de sa marchandise augmentera avantageusement les profits de la campagne de pĂȘche. 11 AN, Marine, F2 8, f° 124. 12 Ibid. 8AprĂšs enquĂȘte, le Conseil des prises donne tort aux deux capitaines qui contestent les droits du troisiĂšme, car tout semble en ordre, et la rĂ©glementation des prises respectĂ©e. En consĂ©quence, le prix de la vente sera partagĂ© entre lesdits Rossignol, Baillon et Mignonnet, Ă  proportion du port de leurs vaisseaux, et du nombre de leurs canons11 ». Il condamne en outre les deux plaignants Ă  verser cent livres pour rĂ©gler les frais de justice12. 13 Le titre de secrĂ©taire du roi Ă©tait un titre de courtoisie, trĂšs prodiguĂ© si l’on en croit Marcel ... 14 AN, G5 214, dossier 12, no 132. 15 AN, Marine, F2 9, f° 49, f° 260-263, f° 274, f° 275-276 ; AN, G5 214, Dossier 12. 9Le profit ainsi rĂ©alisĂ© pousse vraisemblablement les principaux armateurs du port Ă  privilĂ©gier une reconversion dans la guerre de course proprement dite, en ne demandant plus dĂ©sormais que des commissions en guerre. Le premier Ă  agir de la sorte se nomme Nicolas Louvel, sieur du Clos, qui confie le commandement de son morutier, la Vierge de GrĂące Ă  Jean Leboucher, sieur de Vallesfleurs, conseiller du roi, vicomte et juge de police de Granville13, dĂ©tenteur d’une commission en guerre datĂ©e du 15 dĂ©cembre 1689 Ă  Versailles et enregistrĂ©e au greffe de Granville, le 17 juillet 1690, valable pendant quatre mois14. En parcourant la correspondance entre le Conseil des prises et l’AmirautĂ© granvillaise, l’on apprend que ce navire est une frĂ©gate, construite aprĂšs 1687 puisqu’elle ne figure pas dans l’état des navires recensĂ©s Ă  Granville Ă  cette date et qu’elle est rebaptisĂ©e le Juste ou Petit Juste selon les documents. Sans doute, fut-elle rĂ©amĂ©nagĂ©e pour les besoins de la course15. 16 Durant des siĂšcles, Flessingue fut un port hollandais important, nid de redoutables corsaires. De ... 10Jean Leboucher appareille, le 22 juillet 1690, et va mouiller Ă  Chausey en attendant le temps favorable. Le 27, il quitte l’archipel avec un Ă©quipage de cent vingt hommes en direction du cap Lizard. Il rencontre, trois jours plus tard, Ă  six heures du matin, deux frĂ©gates de Flessingue16, armĂ©es de vingt-six et de vingt canons, lesquelles 17 AN, G5 214, dossier 12, feuillet no 132, copie de la dĂ©claration du capitaine Baillon. tirĂšrent sur le dit navire le Juste et l’équipage depuis la dite heure jusqu’à deux heures aprĂšs midi pour le faire amener plus de mille coups de canons avec un grand nombre de coups de mousquets, tellement qu’ils dĂ©gréÚrent le dit navire le Juste et ses deux grands mĂąts, haubans, manƓuvres, cordages ; nonobstant quoi l’équipage du dit navire le Juste s’étant vigoureusement dĂ©fendu, les deux navires furent obligĂ©s de les abandonner17
 » 18 AN, G5 214, no 134. Le nombre de quatre mille coups de canon semble exagĂ©rĂ©. Le poids et l’encombr ... 11Aux dires des propriĂ©taires et armateurs de la frĂ©gate granvillaise, le capitaine Leboucher fut tuĂ© dĂšs le commencement du combat, ce qui obligea Jean Baillon, second capitaine, de prendre le commandement, dont il se servit avec tant de courage et de conduite qu’aprĂšs avoir tirĂ© plus de quatre mille coups de canon, il força ces deux ennemis de prendre la fuite vers les cĂŽtes d’Angleterre18 »  Au total, le capitaine granvillais, ainsi que douze autres hommes, sont tuĂ©s au cours de ce violent combat. Jean Baillon relĂąche Ă  Granville le lendemain, 31 juillet, pour rĂ©parer, ramener le corps du capitaine inhumĂ© dans l’église Notre-Dame et obtenir la permission de continuer la course. 19 Le troisiĂšme navire, la Reine des Anges, qui avait accompagnĂ© la Vierge de GrĂące et le Jean de GrĂą ... 20 Beaubriand-LĂ©vesque portait le mĂȘme prĂ©nom que son pĂšre Jean. Etant tous les deux armateurs, il ... 21 Il s’agit des Ăźles Berlingues Berlengas, au Portugal, en face de la ville de Peniche. 22 AN, Marine, F2 9, f° 49. 23 Ibid. 12SitĂŽt ragréé, le Juste ressort en compagnie du Jean de GrĂące, autre morutier de 150 tonneaux19, que son propriĂ©taire, Jean LĂ©vesque, sieur de Beaubriand, n’hĂ©site pas armer en course sous le commandement de son fils aĂźnĂ©, que l’on appelle Beaubriand-LĂ©vesque20. Sortis ensemble du port, ils prennent un petit bĂątiment anglais transportant des agrumes, qu’ils qualifient de citronniĂšre, et le font conduire Ă  Granville. Ils se dirigent vers le golfe de Gascogne, puis se sĂ©parent. Tandis que le Jean de GrĂące reste au large des cĂŽtes françaises, le Juste navigue vers le Portugal. Le 12 octobre, Ă©tant Ă  l’ouest des Sorlingues de la cĂŽte d’Espagne21, le sieur Baillon du Teil qui commande cette frĂ©gate a pris une flĂ»te portant pavillon hollandais dont l’équipage a dĂ©clarĂ© qu’ils venaient de Rotterdam et allaient Ă  Saint-Hubert en Portugal charger du sel22 ». Ce bĂątiment de commerce s’appelle le Jardinier. Le lendemain, 13 octobre 1690, il s’empare de la Corbeille des PĂȘcheurs, une flĂ»te hollandaise, chargĂ©e de planches, dont l’équipage a dĂ©clarĂ© qu’il venait de Dantzig et allait en Portugal23 ». Il revient alors Ă  Granville, le 19, avec ses deux prises. Les jours suivants, il continue sa course, mais d’une singuliĂšre façon. Le 24 octobre, il aperçoit du port un navire en difficultĂ©. Il part le rejoindre Ă  bord d’une chaloupe avec plusieurs hommes armĂ©s. Il rencontre alors une autre chaloupe dans laquelle se trouvent environ vingt-cinq Anglais, qui croient trouver d’autres Anglais venir Ă  leur aide. Partis de Londres pour porter des vivres Ă  la Barbade, ils s’étaient Ă©garĂ©s. Ils avaient ancrĂ© leur navire, la Bonne Aventure, prĂšs de Chausey, 24 AN, Marine, F2 9, f° 60-263. sans savoir s’ils Ă©taient en France, qu’ils s’étaient mis dans leur chaloupe armĂ©s dans le dessein de se saisir de quelques bateaux pour leur dire oĂč ils Ă©taient et pour leur aider Ă  piloter leur vaisseau Ă  Jersey ou en Angleterre, qu’ils crurent lorsque ledit Baillon les aborda que c’était du monde qui leur venait donner secours mais qu’ils furent surpris lorsqu’ils se virent pillĂ©s et faits prisonniers ; et que s’ils eussent cru ĂȘtre sur les terres de France, ils auraient plutĂŽt perdu la vie, leurs vaisseaux et leurs marchandises que de quitter comme ils avaient fait24 ». 25 Une fois Ă  bord du bĂątiment anglais, Jean Baillon, vit arriver diffĂ©rentes embarcations. Il s’agis ... 26 Ibid. 27 AN, G5 214, dossier no 12. 28 AN, Marine, F2 9, f° 260-263. 29 Le cap Finisterre est un promontoire d’une hauteur de 600 mĂštres situĂ© au nord-ouest de la pĂ©ninsu ... 30 AN, Marine, F2 9, f° 274. 13Jean Baillon revient donc au port dĂ©poser ses prisonniers et faire sa dĂ©claration ; il rassemble son Ă©quipage sur deux chaloupes et un bateau, puis repart s’emparer du navire anglais, restĂ© ancrĂ©, qu’il aborde vers minuit. Il est temps, car ils sont nombreux sur place, venant de Granville et de Saint-Malo pour le piller ou s’en emparer25. Le lendemain, le 26, l’aventure se reproduit. S’étant mis en mer dans une chaloupe sur les dix heures du matin, il se rendit maĂźtre d’un vaisseau que plusieurs gens abordĂšrent et pillĂšrent la chambre du capitaine, ce qu’il ne put empĂȘcher, et l’amena Ă  Granville26. » Ce bĂątiment anglais, la Fleur de Mai, revenait de la Barbade, chargĂ© de gingembre, Ă  destination de Dartmouth, au sud-ouest de l’Angleterre. Comment Ă©tait-il arrivĂ© ici ? Sans doute, une erreur fatale de navigation, ou bien le dĂ©sir de relĂącher dans les Ăźles Anglo-normandes. À vrai dire, le rapport ne dĂ©taille pas les circonstances mĂȘmes de la prise, mais plutĂŽt l’arrivĂ©e successive de plusieurs navires, venus pour aider ou piller. Le malheureux Jean Baillon Ă©prouve toutes les peines Ă  faire reconnaĂźtre les deux prises en sa faveur, car il suscite les envies de la part de particuliers, ceux qui Ă©taient arrivĂ©s pour aider », mais aussi de la part des fermiers gĂ©nĂ©raux, qui affirment que le capitaine de leur patache serait montĂ© le premier Ă  bord de la Fleur de Mai. Le receveur des droits de l’Amiral de France au siĂšge de Granville, lui-mĂȘme, conteste ses droits, puisque la commission en guerre initiale avait Ă©tĂ© nominativement attribuĂ©e Ă  Jean Leboucher, sieur de Vallesfleurs, et non pas Ă  Jean Baillon, son second27. Cela Ă©tait vrai, mais comme le premier capitaine avait Ă©tĂ© tuĂ© dĂšs le dĂ©but du combat avec les deux frĂ©gates zĂ©landaises, le second lui avait succĂ©dĂ© au commandement. Revenu au port pour rĂ©parer la frĂ©gate, il avait demandĂ© et obtenu l’autorisation de continuer la campagne de course. Finalement, aprĂšs maintes dĂ©marches et enquĂȘtes, ce dernier finit par obtenir satisfaction. Ces deux prises lui seront adjugĂ©es par l’arrĂȘt du 10 mai 169128. Entre temps, il repart en chasse sur sa frĂ©gate, le Juste, en direction de l’Espagne. Le 18 dĂ©cembre 1690, alors qu’il navigue Ă  quarante lieues au large du cap Finisterre29, il donne chasse Ă  un vaisseau, qu’il reconnaĂźt comme Ă©tant de Jersey. Il s’agit en rĂ©alitĂ© du Saint-Jean, de Bilbao. Lors de l’interrogatoire de deux matelots de son Ă©quipage, l’on apprend qu’ils venaient de la CarbonniĂšre, de la domination anglaise en Terre-Neuve, oĂč ils avoient achetĂ© de la morue sĂšche dont ils avaient chargĂ© leur vaisseau pour porter Ă  Bilbao dont ils Ă©taient partis, qu’ils naviguaient sous pavillon anglais30 ». Ainsi, l’expĂ©rience de Jean Baillon dĂ©montre d’une part, que la guerre de course se pratique dans des actions de petite et de grande envergure, menĂ©es par des hommes audacieux, grĂące Ă  un caractĂšre bien trempĂ©, mais souvent rusĂ©s et cupides, et d’autre part, que la limite entre cette activitĂ©, lĂ©gale et codifiĂ©e, et le pillage semble parfois tĂ©nue. 31 Middelburg se situe en ZĂ©lande, non loin de Flessingue Vlissingen, aux Pays-Bas. 32 AD44, B 4886, dossier Jeune Homme. 33 AN, Marine, F2 8, f° 347 34 Ibid., f° 335. 14C’est au cours de cette campagne, commencĂ©e en compagnie de Jean Baillon, que Beaubriand-LĂ©vesque commence Ă  s’illustrer. Le 23 octobre 1690, aprĂšs plusieurs jours passĂ©s sans rien rencontrer, il voit au matin, Ă  la hauteur de Bordeaux, une frĂ©gate corsaire hollandaise de 150 tx environ, le Jongeman de Middelburg31, Ă©quipĂ©e de seize canons et de six pierriers. Ayant rĂ©ussi Ă  s’en approcher, en arborant Ă©galement pavillon hollandais, le corsaire ennemi l’attend pour se joindre Ă  lui. Le Jean de GrĂące dĂ©ploie alors le pavillon français et tire plusieurs coups de canon, auxquels rĂ©pondent les ZĂ©landais. Ceux-ci, jugeant le Français trop fort, prennent la fuite. Beaubriand-LĂ©vesque doit les poursuivre durant six heures, au bout desquelles ils se livrent un violent combat pendant trois heures32. Le Jean de GrĂące ayant rĂ©ussi Ă  dĂ©monter la voile de hunier de son adversaire Ă  coups de canon, les ZĂ©landais cessent le combat. Ces derniers dĂ©plorent la mort de cinq matelots et les blessures de neuf autres hommes, dont le capitaine qui, blessĂ© d’un coup de mousquet, meurt peu de temps aprĂšs. L’arrivĂ©e du Jongeman fait sensation Ă  Nantes, oĂč Beaubriand-LĂ©vesque le conduit. Le trĂšs mauvais Ă©tat du bĂątiment tĂ©moigne de l’extrĂȘme violence du combat. JugĂ© de bonne prise33, il est vendu aux enchĂšres, le 22 novembre 1690, au Granvillais Thomas Fraslin, sieur de Montcel, pour la somme de 8 150 livres. Beaubriand-LĂ©vesque demande au roi une chaĂźne en or en rĂ©compense de cette prise34, remonte ensuite vers les Sorlingues et continue alors sa course, d’abord en compagnie de la Joyeuse de Saint-Malo, avec laquelle il rĂ©ussit quatre prises, puis seul. Il rĂ©alise alors deux autres captures. 35 Son tonnage variait selon les documents entre 120 et 180 tx. Le plus souvent, il est estimĂ© Ă  120 ... 15AprĂšs cette campagne heureuse se soldant par huit prises, la famille LĂ©vesque devient incontestablement le moteur de la course granvillaise. Devant un tel succĂšs, deux autres frĂšres LĂ©vesque se joignent Ă  l’aventure corsaire comme capitaines d’abord AndrĂ©, sieur de la SouctiĂšre, autrement appelĂ© La SouctiĂšre-LĂ©vesque, et Antoine, sieur de Beaubriand. Beaubriand-LĂ©vesque prend le relais de son pĂšre en devenant lui-mĂȘme l’armateur du Jongeman, rebaptisĂ© Jeune Homme traduction littĂ©rale, dont il est vraisemblablement devenu propriĂ©taire en tout ou en partie. Ce navire a un destin exceptionnel, puisqu’il effectue sept campagnes corsaires au cours de ce conflit, avant de continuer Ă  Saint-Malo au conflit suivant. D’un tonnage trĂšs moyen35, cinq capitaines diffĂ©rents le commandent successivement. La SouctiĂšre-LĂ©vesque le dirige lui-mĂȘme deux fois, avant de devenir corsaire sur les vaisseaux du roi, et Jean François Doublet, le cĂ©lĂšbre corsaire honfleurais, une fois. Le Jeune Homme apparaĂźt comme le navire granvillais qui rĂ©ussit le plus grand nombre de prises au cours de cette guerre, en dĂ©pit de certaines campagnes moins heureuses que d’autres 24 prises connues et 5 rançons. 36 Il fit quatre prises dans la campagne de 1691, quatre autres dans celle de 1692, trois dans celle ... 16Une autre frĂ©gate, la Paix, se distingue Ă©galement. Elle est armĂ©e quatre fois en course, de façon sĂ»re, puis deux fois vraisemblablement en guerre et marchandise pour Terre-Neuve, toujours sous le commandement du mĂȘme capitaine, Nicolas Hugon. Aucun document ne prĂ©cise la nature de sa commission dans les deux derniĂšres campagnes. Il est cependant permis de penser qu’il y va pour la pĂȘche, comme il a l’habitude de le faire en temps normal. Pourquoi arrĂȘte-t-il la course en 1694, alors que chaque campagne Ă©tait bĂ©nĂ©ficiaire36, pour reprendre la pĂȘche en 1696 et 1697 ? SĂ»rement parce que la commission mixte lui permet de pratiquer les deux activitĂ©s. Au cours de ces deux campagnes terre-neuviĂšres, il rĂ©ussit en effet Ă  chaque fois deux prises. Le cumul des revenus de la pĂȘche et de ceux de la course semble alors particuliĂšrement intĂ©ressant. Il n’est pas le seul, car AndrĂ© La SouctiĂšre-LĂ©vesque accomplit une campagne de pĂȘche, la mĂȘme annĂ©e, sur le Jean de GrĂące et effectue Ă©galement une prise Ă  son retour, en entrant dans le dĂ©troit de Gibraltar. Pourquoi interrompt-il lui aussi une suite de deux campagnes corsaires, rondement menĂ©es en 1691 et 1692, pour revenir Ă  la pĂȘche ? À la lecture des archives de cette pĂ©riode, il paraĂźt Ă©vident que ces capitaines passaient allĂšgrement de la pĂȘche Ă  la course et de la course Ă  la pĂȘche, au grĂ© des circonstances et des intĂ©rĂȘts du moment. 17La recherche effrĂ©nĂ©e de gains de toute sorte pousse encore certains Ă©quipages Ă  piller des navires, mĂȘme neutres, au hasard des rencontres. Ainsi les Granvillais sont vertement repris par le Conseil des prises, en avril 1691. 37 AN, Marine, F2 9, f° 194. Quelques Portugais qui ont Ă©tĂ© pris par des armateurs français s’étant plaint qu’ils en ont Ă©tĂ© maltraitĂ©s et dĂ©pouillĂ©s avec violence, ce qui fait un trĂšs mauvais effet dans l’esprit de cette nation, le Roi dĂ©sire que vous fassiez savoir aux armateurs de Granville qu’ils aient Ă  donner des ordres prĂ©cis Ă  leurs capitaines d’en user autrement, parce que sur la premiĂšre plainte qui sera faite par les Portugais qu’ils auront Ă©tĂ© traitĂ©s avec duretĂ©, et autrement que comme prisonniers de guerre, ou que leurs hardes auront Ă©tĂ© pillĂ©es, sa MajestĂ© fera condamner en des dommages et intĂ©rĂȘts la considĂ©rable envers eux37. » 18Cela n’empĂȘche pourtant pas le capitaine Nicolas Hugon de prendre quelques libertĂ©s avec des Danois, pourtant neutres, puisqu’il doit subir en 1692 une enquĂȘte demandĂ©e par l’AmirautĂ©. 38 AN, Marine, F2 10, f° 401 et 417. Le nommĂ© Abensar, marchand de Copenhague, propriĂ©taire du vaisseau la Fortune, se plaint que ce bĂątiment ayant Ă©tĂ© rencontrĂ© par un corsaire de Granville nommĂ© Hugon, il en a Ă©tĂ© pillĂ© et que l’équipage de ce corsaire a fait beaucoup de violences sur les matelots, quoique ledit vaisseau fĂ»t chargĂ© de marchandises destinĂ©es pour le royaume et que ledit Abensar fĂ»t muni d’un passeport du roi de Danemark. Il est nĂ©cessaire que vous m’envoyiez le rapport que vous a dĂ» ledit Hugon Ă  son retour, et que vous preniez les dispositions de son Ă©quipage sur ce qui s’est passĂ© en cette occasion et que vous me l’envoyiez pareillement38. » 19L’an 1695 constitue une annĂ©e charniĂšre. Le 18 juillet, tout comme Saint-Malo, Dunkerque et Calais, Granville est bombardĂ© par les Anglais, dĂ©sireux de dĂ©truire les nids de corsaires français qui portent de sĂ©rieux coups Ă  leur commerce. La ville normande, malgrĂ© le nombre rĂ©duit de ses armements, participe donc bien Ă  la gĂȘne du commerce anglais prĂ©conisĂ©e par Vauban. AprĂšs cette date, l’activitĂ© corsaire granvillaise dĂ©cline cependant. Il semble que les armateurs, hormis Beaubriand-LĂ©vesque qui continue Ă  miser sur les qualitĂ©s du Jeune Homme en le confiant au capitaine Jean PerrĂ©e Duhamel, tentent moins l’aventure corsaire et reviennent Ă  la pĂȘche. La raison principale de cette dĂ©saffection rĂ©side sans doute dans le dĂ©part progressif de la famille LĂ©vesque. À partir de cette annĂ©e 1695, Beaubriand-LĂ©vesque n’est plus prĂ©sent Ă  Granville, appelĂ© en mission par le roi, entraĂźnant son frĂšre, AndrĂ© La SouctiĂšre-LĂ©vesque, dans son sillage. 39 Villiers P., Marine royale, corsaires
, op. cit., t. 1, p. 80-86. 40 La RonciĂšre C. de, Histoire de la Marine française, Paris, 1899-1920, t. VI, p. 204. 41 AN, Marine, B2 106, f° 571. 42 Il s’agit d’AndrĂ© de Nesmond 1641-1702, lieutenant gĂ©nĂ©ral des armĂ©es navales, connu dans la mar ... 43 Son armement avait Ă©tĂ© financĂ© par des Granvillais pour prĂšs de la moitiĂ© AN Marine, F2 16, f° 12 ... 44 La RonciĂšre C. de, Histoire de la Marine française
, op. cit., t. VI, p. 206. 20Le 12 janvier 1695, Louis de Pontchartrain lui propose en effet de pratiquer la course avec un vaisseau de 3e rang du roi, le FortunĂ© 52 canons et 350 hommes, ce qu’il fait du 1er fĂ©vrier au 7 mars. L’annĂ©e prĂ©cĂ©dente, le secrĂ©taire d’État Ă  la Marine a dĂ©cidĂ© de privilĂ©gier la stratĂ©gie de pĂ©riphĂ©rie au dĂ©triment de la stratĂ©gie directe dans la lutte contre l’Angleterre en favorisant des armements corsaires Ă  capitaux mixtes39. Dans ce but, il n’hĂ©site pas Ă  confier des vaisseaux du roi Ă  des corsaires, remarquĂ©s auparavant pour leurs compĂ©tences, Ă  condition que des particuliers s’occupent de l’armement ce que l’on appelle un armement mixte. Le Granvillais fait partie de ces corsaires en raison de ses exploits, Ă  la grande fiertĂ© de ses concitoyens, prĂȘts Ă  participer activement Ă  ses armements. Lors de cette campagne, il accomplit trois prises et coule un navire de guerre anglais de 54 canons, l’England40. Le 16 mars, Pontchartrain le fĂ©licite41, lui promet une rĂ©compense et l’envoie rejoindre l’escadre du marquis de Nesmond42 qui doit pratiquer la course dans la Manche avec cinq navires l’Excellent de 62 canons commandĂ© par le marquis, le PĂ©lican de 50 canons commandĂ© par le chevalier des Augiers, le Saint-Antoine corsaire malouin de 56 canons commandĂ© par La Villestreux, le FortunĂ© de 52 canons commandĂ© par Beaubriand-LĂ©vesque43 et le François de 48 canons commandĂ© par Duguay-Trouin44. La petite escadre donne aussitĂŽt la chasse Ă  trois vaisseaux anglais, qu’ils combattent victorieusement au large des Sorlingues. 45 AN, Marine, B2 107, f° 320. 46 AN, B2 107 f° 696 et 711. 47 Duguay-Trouin R., MĂ©moires, Saint-Malo, Ă©d. l’Ancre de marine, 2000, p. 53. 48 AN, Colonies B19, f° 123 et suivantes. Cette rĂ©fĂ©rence lacunaire est donnĂ©e par C. de la MorandiĂšr ... 49 AD44, B 4905, dossier Charles d’Antigue. 50 AN, G5 230, f° 308, f° 310, f° 314 ; AD44, B 4905, dossier Charles d’Antigue 51 AN, Marine B3 97 f° 319. 21De retour Ă  Brest, le ministĂšre dĂ©cide de l’envoyer au Spitzberg en compagnie de Duguay-Trouin et de cinq corsaires malouins pour faire la guerre aux baleiniers hollandais » qui y pĂȘchent en grand nombre45. Beaubriand-LĂ©vesque engage son frĂšre, AndrĂ© La SouctiĂšre-LĂ©vesque, comme second capitaine. Il veut associer Ă  l’entreprise son propre navire, le Jeune Homme, qu’il arme lui-mĂȘme en course sous le commandement d’un autre Granvillais, Jean PerrĂ©e Duhamel46. Beaubriand-LĂ©vesque et Duguay-Trouin quittent donc Port-Louis Ă  la mi-juillet et font voile vers l’Irlande, oĂč tous ces bĂątiments doivent se retrouver. Toutefois cette campagne, connue sous le nom de campagne du Spitzberg, ne se dĂ©roule pas du tout comme il avait Ă©tĂ© prĂ©vu, Ă  cause du mauvais temps, qui contrarie les corsaires malouins et granvillais, au point que ceux-ci ne rĂ©ussissent pas Ă  se rencontrer. RestĂ©s seuls, Beaubriand-LĂ©vesque et Duguay-Trouin en sont rĂ©duits Ă  pratiquer la course vers les Orcades. De son cĂŽtĂ©, le Jeune Homme fait lui aussi la mĂȘme chose, en solitaire. Cette campagne de course, improvisĂ©e par les deux corsaires du roi, s’avĂšre pourtant heureuse, puisque les deux navires reviennent Ă  Port-Louis Ă  la mi-octobre avec trois prises armĂ©es de 58, 56 et 38 canons de la Compagnie anglaise des Indes, ce qui fait dire Ă  Duguay-Trouin dans ses mĂ©moires La richesse de ces trois vaisseaux produisit Ă  mes armateurs plus de vingt pour un de profit, malgrĂ© les grands pillages que les Ă©quipages y firent47. » En fĂ©vrier 1697, Pontchartrain confie Ă  Beaubriand-LĂ©vesque la mission de ravitailler Terre-Neuve. Le contrat stipule qu’il doit payer les appointements et les soldes du gouverneur, de son Ă©tat-major et de la garnison, livrer des munitions et du sel, moyennant quoi deux autres vaisseaux sont mis Ă  sa disposition. En outre, libertĂ© lui est laissĂ©e d’armer Ă  ses dĂ©pens six navires pour aller faire la pĂȘche, la troque ou la course Ă  Terre-Neuve48. De son cĂŽtĂ©, La SouctiĂšre-LĂ©vesque reçoit une lettre de marque, datĂ©e du 11 avril 1697, pour pratiquer la course sur un navire du roi de 600 tx, le François49. Il accompagne son frĂšre et capture au moins quatre prises Ă  Terre-Neuve50. Le Jean de GrĂące, sur lequel Beaubriand-LĂ©vesque a dĂ©butĂ© sa carriĂšre de corsaire Ă  Granville, reprend du service en les accompagnant. Son activitĂ© reste en fait encore mystĂ©rieuse Ă  ce jour. Un autre bĂątiment granvillais, le Saint-Jean Baptiste, commandĂ© par Jacques Baillon, est armĂ© en aoĂ»t par la famille LĂ©vesque Ă  Granville pour porter de nouvelles instructions Ă  Beaubriand-LĂ©vesque de la part du secrĂ©taire d’état51. Mais, lĂ  aussi, des zones d’ombre demeurent. Ces instructions restent inconnues. 52 AN, Marine, F2 16, f° 120, f° 133 et f° 178. 22Les marins du port de Granville ont le sentiment que leur compĂ©tence est dĂ©sormais reconnue, mais l’illusion dure peu. À partir de 1695, la famille LĂ©vesque comprend que son avenir est plus prometteur Ă  Saint-Malo, oĂč les structures financiĂšres et Ă©conomiques semblent bien plus favorables qu’à Granville. Les trois corsaires s’y installent progressivement, mĂȘme s’ils restent attachĂ©s au berceau familial comme tend Ă  le prouver la volontĂ© de Beaubriand-LĂ©vesque, en 1696, de reverser une partie des bĂ©nĂ©fices de la campagne du Spitzberg de 1695 au soutien de l’hĂŽpital de Granville52, ou encore d’intĂ©grer des Granvillais Ă  chacune de ses entreprises la course granvillaise perd son moteur. La guerre de Succession d’Espagne 1701-1713 53 VergĂ©-Franceschi M., La Marine française au XVIIIesiĂšcle
, op. cit., p. 68. 54 La RonciĂšre C. de, Histoire de la Marine française
 op. cit., t. VI, p. 406-472. 55 Ibid., p. 409. 23Bien que les marines espagnole et française soient maintenant alliĂ©es aprĂšs avoir Ă©tĂ© longtemps ennemies, cette guerre se dĂ©roule dans des conditions de plus en plus difficiles pour la France. Alors que la trĂȘve de cinq ans est courte, la confiance de Louis XIV en l’outil maritime s’est Ă©moussĂ©e53 ». Pour Charles de La RonciĂšre, cette guerre connaĂźt malgrĂ© tout l’apogĂ©e de la course54 ». BĂ©nĂ©ficiant d’un rĂ©el engouement auprĂšs de nombreuses personnalitĂ©s de la Cour trĂšs dĂ©sireuses de figurer parmi les commanditaires dans l’espoir de grands bĂ©nĂ©fices, les corsaires se multiplient, au point de faire dire Ă  un Anglais Les mers sont si pleines de corsaires français que les navires ne peuvent naviguer sans convoi de sept bĂątiments qui venaient isolĂ©ment de GuinĂ©e, six ont Ă©tĂ© enlevĂ©s par eux55. » 24Granville reste pourtant loin de cet engouement. Sans doute trop petite, subissant le dĂ©part de ses hĂ©ros », elle n’a pas – ou peu – la faveur des gens de la Cour, tandis que les capitaux locaux se montrent insuffisants pour soutenir la course Ă  grande Ă©chelle. En outre, si les Anglais se plaignent d’une omniprĂ©sence française sur les mers, les Granvillais Ă©prouvent les mĂȘmes difficultĂ©s Ă  leur encontre, notamment en Manche. Les mĂ©saventures du GuibourgĂšre 180 tx, en 1704, le prouvent aisĂ©ment, si l’on en croit le rapport de son capitaine d’armes, Adrien Ernouf, et ceux de plusieurs officiers mariniers. ArmĂ© en guerre et marchandise en 1704, sous le commandement de Pierre Dry, sieur de Hautmesnil, pour aller Ă  la pĂȘche au Petit Nord », le navire termine sa campagne en revenant de Marseille au Havre pour y livrer une cargaison de savons. Il doit affronter plusieurs tempĂȘtes avant d’entrer dans la Manche. Le 30 mars 1704, 56 Il s’agit de l’üle anglo-normande d’Aurigny Alderney, au nord-ouest du Cotentin. 57 Les Casquets forment un groupe de rochers Ă  quelques kilomĂštres au nord-ouest d’Aurigny. L’endroit ... 58 Un raz est un courant marin trĂšs violent qui se manifeste dans un passage resserrĂ©. Le Raz Blancha ... 59 AD27, 216 BP 346. Ă©tant proche d’Aurigny56, il rencontra deux gros navires anglais sous le vent d’eux c’est-Ă -dire derriĂšre eux, et un autre petit navire d’environ huit canons qui venait pour les reconnaĂźtre, mais, ayant chassĂ© sur lui, il avait fui. Comme lesdits gros navires faisaient leur possible pour venir Ă  eux, ils les hommes du GuibourgĂšre forcĂšrent de voile et doublĂšrent les Casquets57 au nord d’Aurigny, ce qu’iceux navires ne purent faire, mais passĂšrent sous le vent d’Aurigny c’est-Ă -dire au sud afin de joindre leur navire d’entre les raz58 oĂč ils trouvĂšrent un autre Anglais de vingt-deux canons qui se prĂ©parait Ă  leur couper le chemin59
 » 25Pour se prĂ©parer Ă  un combat inĂ©vitable, les officiers du GuibourgĂšre dĂ©cident, aprĂšs concertation, de jeter Ă  la mer un grand mĂąt de hune avec sa vergue, cinq avirons de vingt pieds de long, deux boutes-hors, trois barres de cabestan et d’autres objets lourds. Il convenait en effet d’allĂ©ger le navire pour le rendre plus manƓuvrant. 60 Il s’agit de l’anse de Plainvic, situĂ©e dans l’anse Saint-Martin, Ă  Omonville-la-Petite, au nord d ... 61 AD27, 216 BP 346. Ils tirĂšrent environ trente Ă  quarante coups de canon ; et les deux autres navires approchant toujours, l’un d’iceux de soixante piĂšces tirant sur eux, ils avoient forcĂ© de voile et nonobstant les coups de canon qui leur Ă©taient tirĂ©s de part et d’autres, ils avaient passĂ© et furent dans une anse nommĂ©e Plainvy60 oĂč lesdits navires les chassĂšrent jusque tout proche du bord, et les hommes du GuibourgĂšre y avaient mĂȘme touchĂ©, et y mouillĂšrent deux ancres afin de tenir ledit navire61
 » 26Plusieurs habitants du lieu viennent leur signaler le danger extrĂȘme Ă  rester en cet endroit, au cas oĂč le vent changerait. Ils frĂŽlent le naufrage, mais les Anglais restent prĂ©sents. L’équipage se rĂ©fugie donc Ă  terre. Le lendemain, constatant enfin le dĂ©part de l’ennemi et l’accalmie du vent, ils rĂ©ussissent Ă  appareiller avec l’aide d’un pilote et Ă  se rendre Ă  Cherbourg, oĂč ils peuvent rĂ©parer avant de repartir enfin pour Le Havre. 62 AD35, 9 B 55, f° 121 et AN, G5 246, f° 253-254. 27Il arrive aussi aux Granvillais de braver le danger sous le nez des Anglais. Le Chevalier d’honneur est une barque longue armĂ©e en course en 1708 par Luc Leboucher de Gastigny sous le commandement de Gilles Claude de Poilvilain, sieur de Pierrepont, Ă©cuyer, secondĂ© par Michel Allain. En campagne sur les cĂŽtes d’Angleterre, ce dernier est dĂ©tachĂ© sur la chaloupe du Chevalier d’Honneur par son supĂ©rieur, qui lui donne une copie de la commission en course et l’ordre d’aller Ă  la dĂ©couverte et d’entreprendre quelque chose sur l’ennemi ». Il lui faut peu de temps pour capturer un bĂątiment, qui Ă©tait mouillĂ© sous le fort de Cowes au nord de l’üle de Wight, lorsqu’il est dĂ©couvert par la flotte ennemie, mouillĂ©e Ă  proximitĂ©, laquelle dĂ©tache douze chaloupes qui le chassent, l’obligent Ă  abandonner la prise et Ă  se sauver dans les terres. Poursuivi, Michel Allain est pris avec quatre de ses hommes et conduit dans la prison de Hauton Houghton ?. Les cinq hommes rĂ©ussissent cependant Ă  s’échapper, Ă  s’embarquer dans une chaloupe du port et Ă  rejoindre l’üle de Wight. Ils y trouvent un heu anglais avec deux pĂȘcheurs de crevettes et de poisson frais qui avaient reçu l’ordre de ramasser des hommes de passage pour complĂ©ter les Ă©quipages des vaisseaux de la flotte anglaise. Ils s’emparent facilement de l’embarcation et parviennent peu de temps plus tard Ă  Barfleur62. 63 AN, Marine, Colonies, C11C 6, f° 170. 28Le nombre de corsaires durant ce conflit paraĂźt difficile Ă  recenser car les sources font nettement dĂ©faut. Les jugements de prise concernent peu les Granvillais, ce qui traduit une activitĂ© plutĂŽt rĂ©duite et, sans doute, un manque de chance. Indiscutablement, les bĂątiments sont moins nombreux et de moindre tonnage. Certains armateurs reviennent Ă  la pĂȘche, sans doute parce que la course stricto sensu seule semble ne plus les contenter, ou bien ils pratiquent les deux, comme l’autorise la commission en guerre et marchandise. Le commissaire des classes NoĂ«l de Boiselery l’affirme dans sa lettre datĂ©e 30 janvier 1708 les terre-neuviers granvillais ont pris l’habitude, en ces annĂ©es, de se livrer Ă  la course avant de pĂȘcher63. 64 AD35, 9B 478, f° 102-104. 65 AD35, 9B 515, dĂ©clarations du 29/07/1702, 04/10/1702, 11 et 20/12/1702. 29Les hĂ©ros du conflit prĂ©cĂ©dent ont quittĂ© Granville. Les frĂšres LĂ©vesque se sont installĂ©s Ă  Saint-Malo. Ils n’oublient pourtant pas complĂštement leur port d’origine, puisque AndrĂ© La SouctiĂšre-LĂ©vesque, en 1708, y arme encore le Jean Baptiste en guerre et marchandise pour Terre-Neuve64. NĂ©anmoins, leur destin est dĂ©sormais scellĂ© Ă  Saint-Malo. Ils emmĂšnent temporairement dans leur sillage Jean PerrĂ©e, sieur du Hamel, qui commande en course, dĂšs 1702, le FortunĂ©, navire de 200 tx appartenant Ă  Beaubriand LĂ©vesque65. HĂ©douais du Bocage suit leur exemple et s’installe lui aussi dans le port breton, tout comme François Lair. Ce dernier 66 AN, Marine, C7 160, dossier F. Lair. s’était distinguĂ© dans diffĂ©rents combats sur mer. Ce fut Ă  cette Ă©poque qu’on lui donna Ă  Saint-Malo le commandement d’un vaisseau armĂ© en course contre les ennemis de l’État. Ayant Ă©tĂ© attaquĂ© par un vaisseau anglais beaucoup plus fort que le sien, il eut une main emportĂ©e d’un boulet de canon ; mais sans quitter son poste, il fit mettre Ă  la hĂąte un premier appareil pour arrĂȘter le sang et continuer de combattre, jusqu’au moment oĂč un nouveau boulet lui emporta l’autre bras. Son vaisseau Ă©tait dĂ©semparĂ© et l’équipage avait beaucoup souffert ; ce qui le força de se rendre. Dans l’état oĂč Ă©tait le sieur Lair, les vainqueurs sans dĂ©fiance l’abandonnĂšrent aux soins de son chirurgien et de deux matelots, et ne pensĂšrent qu’à se livrer Ă  la joie, au vin et aux liqueurs. L’ivresse et le sommeil furent la suite de leur dĂ©bauche. Le capitaine Lair en profita pour donner des instructions aux deux hommes qu’on lui avait laissĂ©s, afin qu’ils dirigeassent la boussole vers le premier port de France sous le vent. Cette manƓuvre hardie rĂ©ussit si parfaitement que le vaisseau Ă©tait mouillĂ© Ă  Morlaix avant que l’ennemi s’en fut aperçu. Louis XIV, qui ne laissait aucune belle action sans rĂ©compense, honora de l’épĂ©e le pĂšre de la suppliante et lui accorda une pension dont il ne jouit que peu d’annĂ©es66 ». 67 AN, Marine, C7 19, dossier Baubriand. 68 AD44, B 4907. 69 AD44, B 4908. 70 AD35, 9B 477, f° 5, rapport datĂ© du 10 dĂ©c. 1706. 71 VergĂ©-Franceschi M., Les officiers gĂ©nĂ©raux de la Marine royale
, op. cit., t. 1, p. 225. 72 Ibid., p. 186. 73 VergĂ©-Franceschi M., La Marine française au XVIIIesiĂšcle
, op. cit., p. 69. 30En effet, le capitaine Lair meurt quelques annĂ©es plus tard. Outre sa dimension Ă©pique, qu’un romancier n’oserait pas mĂȘme imaginer, cette lettre montre bien comment les gens expĂ©rimentĂ©s d’un petit port peuvent ĂȘtre repĂ©rĂ©s et recrutĂ©s par les armateurs puissants d’un grand port, toujours Ă  la recherche de gens compĂ©tents pour assurer le succĂšs de leurs entreprises. En 1708, François Lair est rayĂ© du registre des capitaines de Granville. Quant Ă  Beaubriand-LĂ©vesque, aprĂšs avoir pensĂ© un instant, en 1700, armer pour la traite nĂ©griĂšre67, il redevient corsaire, dĂšs septembre 1702, en tant que capitaine de frĂ©gate du roi, brevet obtenu cette mĂȘme annĂ©e en rĂ©compense de son activitĂ© passĂ©e. Il devient seul armateur de deux vaisseaux de sa MajestĂ© le Juste de 1000 tx, montĂ© de 56 canons, qu’il commande lui-mĂȘme, et l’Alcyon, de 40 canons, dont il confie le commandement Ă  un certain Delarue, peut-ĂȘtre un autre Granvillais68. L’annĂ©e suivante, il repart en campagne avec le Juste et un autre vaisseau du roi, le Hasardeux, que commande encore le sieur Delarue. Il est de nouveau l’unique armateur de ces deux vaisseaux qui pratiquent d’abord la course Ă  Terre-Neuve, puis assurent la protection d’un convoi de terre-neuviers Ă  leur retour69. Il semble que le nĂ©goce l’intĂ©resse ensuite davantage, puisqu’en 1706, il arme un vaisseau de 650 tx qu’il a fait lui-mĂȘme construire l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente Ă  Saint-Malo le Philippe V. Le fait qu’il finance lui-mĂȘme la construction d’un tel navire nous laisse imaginer quelque peu l’état de sa fortune. Ce bĂątiment est conçu pour le voyage de la mer du Sud », c’est-Ă -dire le commerce interlope avec la cĂŽte pacifique de l’AmĂ©rique du sud, vraisemblablement le Chili et le PĂ©rou, comme le font les Malouins Ă  cette Ă©poque. Parti de La Rochelle en juin 1706 avec 50 canons et 225 hommes, son navire fait malheureusement naufrage prĂšs du cap Vert, entre GorĂ©e et le SĂ©nĂ©gal, deux heures avant l’aube du 6 aoĂ»t, Ă  la suite d’erreurs commises par les pilotes qui naviguaient Ă  l’estime. Ayant rejoint la cĂŽte du SĂ©nĂ©gal, ils sont capturĂ©s et maltraitĂ©s par la population locale. Beaubriand-LĂ©vesque tombe malade quelques jours, puis meurt le 26 septembre 1706. Son capitaine en second survit et revient Ă  Saint-Malo faire son rapport70. Ainsi disparaĂźt malencontreusement le corsaire dont la ville de Granville reste la plus fiĂšre de toute son histoire. L’on peut penser qu’il aurait pu ĂȘtre anobli au cours des annĂ©es suivantes, comme le furent Jean Bart en 169471 et Duguay-Trouin en 170972, puisque le secrĂ©taire d’État Ă  la marine, JĂ©rĂŽme de Pontchartrain, avait l’habitude de prodiguer tous ses soins aux officiers roturiers issus de la course et du commerce, et qu’il rĂ©compensait ainsi parfois les plus mĂ©ritants d’entre eux73. Copie de commission en guerreLouis Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse, duc de PenthiĂšvre et de Damville, gouverneur et lieutenant-gĂ©nĂ©ral pour le Roi en la province de Bretagne, Pair et amiral de France Ă  ceux qui ces prĂ©sentes lettres verront, salut. Nous avons en vertu du pouvoir ci-autorisĂ© qu’il a plu Ă  sa MajestĂ© attribuĂ© Ă  notre Ă  notre dite charge d’amiral et des ordres particuliers qu’elle nous adressĂ©s donnĂ© congĂ© pouvoir et permission Ă  Mr de Beaubriand de faire armer et Ă©quiper en guerre un vaisseau nommĂ© le Juste du port de mil tonneaux ou environ, qui est Ă  prĂ©sent au port de Brest avec tel nombre d’hommes, canons, boulets, poudres, plombs et autres munitions de guerre et vivres qui y sont nĂ©cessaires pour le mettre en mer en Ă©tat de naviguer, et courre sus aux pirates, forbans et gens sans aveu, mĂȘme aux sujets des États gĂ©nĂ©raux des Provinces-Unies, aux Anglais et sujets de l’empereur et autres ennemis de l’État en quelque lieu qu’il pourra rencontrer, soit aux cĂŽtes de leurs pays, dans leurs ports, ou sur leurs riviĂšres, mĂȘme sur terre aux endroits oĂč ledit sieur de Beaubriand jugera Ă  propos de faire des descentes pour nuire aux dits ennemis et y exercer tous les moyens et actes permis et usitĂ©s par les lois de la guerre les prendre et amener prisonniers avec leurs navires, armes et autres choses dont ils seront saisis ; Ă  la charge par ledit sieur de Beaubriand de garder et faire garder par ceux de son Ă©quipage les ordonnances de la Marine, porter pendant son voyage le pavillon et enseigne des armes du Roi et les nĂŽtres, faire enregistrer le prĂ©sent congĂ© au greffe de l’AmirautĂ© le plus proche du lieu oĂč il fera son armement, y mettre un rĂŽle signĂ© et certifiĂ© de lui, contenant les noms et surnoms, la naissance et demeure de ceux de son Ă©quipage, faire son retour audit lieu ou autre port de France, y faire son rapport par devant les officiers de l’AmirautĂ©, et non d’autres, de ce qui se sera passĂ© durant son voyage, nous en donner avis et envoyer au secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la Marine son dit rapport, avec les piĂšces justificatives d’icelui, pour ĂȘtre sur le tout, par nous ordonnĂ© ce que de raison. Prions et requĂ©rons tous, rois, princes, potentats, seigneuries, États, RĂ©publiques, amis et alliĂ©s de cette Couronne, et tous autres qu’il appartiendra de donner audit sieur de Beaubriand toute faveur, aide, assistance et retraite en leurs ports avec son dit vaisseau, Ă©quipage et tout ce qu’il aura pu conquĂ©rir pendant son voyage, sans lui donner, ni souffrir qu’il lui soit fait ou donnĂ© aucun trouble ni empĂȘchement, offrant de faire le semblable lorsque nous en serons par eux requis. Mandons et ordonnons Ă  tous officiers de marine et autres qu’il appartiendra de le laisser sĂ»rement et librement passer avec son dit vaisseau, armes et Ă©quipages, et les prises qu’il aura pu faire, sans aucun empĂȘchement ; mais au contraire lui donner tout le secours et assistance dont il aura besoin ; ces prĂ©sentes non valables aprĂšs un an du jour de la date d’icelles. En tĂ©moin de quoi, Nous les avons signĂ©es, et icelles fait sceller du sceau de nos armes, et contresigner par le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la Marine. A Brest le 3 octobre mil sept cent Louis Alexandre de BourbonJe certifie la prĂ©sente copie vĂ©ritable Ă  bord du JusteLe 15 novembre 1702 Beaubriand EncadrĂ© 2. – Lettre de marque de Beaubriand LĂ©vesque, capitaine de la frĂ©gate du roi, le Juste, dans un armement mixte en 1702 AD44, B 4907. Le 1er septembre 1702 signature dans la marge Joachim des Casaux et P. FourquetDe par le RoyPaul de Louvigny chevalier conseiller du Roy en ses conseils et intendant de justice police finances de la marine en Bretagne et des armĂ©es navales de sa MajestĂ©,Conditions accordĂ©es au sieur de Beaubriand LĂ©vesque pour un armement en courseLe vaisseau le Juste lui sera incessamment remis carĂ©nĂ© armĂ© de 56 piĂšces de canon avec ses agrĂšs apparaux, armes, munitions garniture et rechange nĂ©cessaire pour la course qu’il doit faire et sa MajestĂ© supportera toutes les consommations de la sieur de Beaubriand LĂ©vesque courra et lĂšvera Ă  ses frais et de grĂ© Ă  grĂ© les officiers majors, officiers mariniers, matelots, soldats ou volontaires qu’il jugera nĂ©cessaires pour en former l’équipage sans que sa MajestĂ© y interpose son autoritĂ©, consentant cependant que les Commissaires et commis aux classes facilitent autant qu’ils y pourront la levĂ©e dudit Ă©quipage attendu la destination dudit armement. Il nourrira aussi Ă  ses frais l’équipage dudit vaisseau du Roy l’Alcyon de 40 piĂšces de canon que sa majestĂ© a accordĂ© au dit sieur de Beaubriand qu’il fait Ă©quiper en toute diligence au Port Louis devant joindre le Juste, ils feront la course de compagnie contre les ennemis de l’État. Le cinquiĂšme du produit net des prises que feront ces deux vaisseaux dĂ©duction faite des frais de dĂ©charge, ceux de justice, dixiĂšme de Monsieur l’amiral et autres pour parvenir Ă  la vente et liquidation des prises appartiendra Ă  sa MajestĂ©Il a aussi Ă©tĂ© convenu que pour exciter l’équipage du vaisseau le Juste Ă  faire son devoir il sera assignĂ© des rĂ©compenses Ă  ceux qui se signaleront dans les occasions, qui seront blessĂ©s, estropiĂ©s ou deviendront invalides. MĂȘme aux veuves et hĂ©ritiers de ceux qui auront le malheur d’ĂȘtre tuĂ©s, et que le fonds de ces rĂ©compenses sera pris par prĂ©fĂ©rence sur le produit net des prises dĂ©duction faite des dĂ©penses de l’ prĂ©venir les pillages l’on affichera au grand mĂąt et mĂąt de misaine de ces deux vaisseaux les dĂ©fenses portĂ©es par les rĂšglements et ordonnances du Roy. Le procĂšs sera fait Ă  ceux qui se trouveront saisir ou connaisseurs de pillages. Ils seront privĂ©s de leurs appointements, gages ou parties, et ceux qui les dĂ©nonceront auront moitiĂ© de ce qui leur revenait, et le surplus restera confisquĂ© au profit de sa MajestĂ© et des moi, dit sieur de Beaubriand LĂ©vesque, j’accepte lesdites conditions et me soumets Ă  tout ce qu’elles et arrĂȘtĂ© triple, le premier septembre Louvigny d’Orgemont et Beaubriand ;CollationnĂ© Ă  l’original rendu par les notaires Ă  ParisSoussignĂ©s Ce trois fĂ©vrier mil sept cent trois2 signatures ? et RobillardCommentaire Cet armement est dit mixte » car il rĂ©sulte d’un contrat passĂ© entre le roi et un corsaire choisi par son secrĂ©taire d’État Ă  la marine en raison de sa compĂ©tence. De son cĂŽtĂ©, le roi met un navire et des canons Ă  la disposition du corsaire du roi ». De l’autre, celui-ci se charge de lever un Ă©quipage et de fournir tout l’avitaillement nĂ©cessaire en s’adressant Ă  des investisseurs particuliers. Le navire est gĂ©nĂ©ralement un bon vaisseau armĂ© de puissantes bouches de feu. Ici, un autre bĂątiment de 40 canons lui est adjoint, ce qui fait de Beaubriand LĂ©vesque le capitaine en chef de ces deux navires. L’on comprend que le corsaire du roi jouit d’un avantage apprĂ©ciable dans le choix de ses hommes d’équipage puisqu’il est ordonnĂ© aux commissaires aux classes de se soumettre Ă  ses souhaits. En prĂȘtant ainsi ses vaisseaux, le roi entend prĂ©lever sa part du butin Ă  hauteur d’un cinquiĂšme du produit net des prises Ă  venir, le reste revenant Ă  l’armateur particulier, aux intĂ©ressĂ©s et aux Ă©quipages. Il est prĂ©vu des rĂ©compenses Ă  ceux qui se distingueront Ă  bord des bĂątiments du roi, mais aussi des sanctions envers ceux qui se livreront au pillage et ceux qui auraient connaissance de telles actions sans en avertir les autoritĂ©s. EncadrĂ© 3. – Contrat d’armement mixte entre le roi et le corsaire Beaubriand LĂ©vesque en 1702 AD44, B 4907. 74 AD35, 9B 474, f° 172-173. 75 AD35, 9B 474, 21/04/1703 76 AD35, 9B 476, f° 69. 31Le Jeune Homme, qui a vaillamment rĂ©ussi sept campagnes de course, n’est plus mouillĂ© dans le port de Granville, mais dans celui de Saint-Malo, oĂč l’ont conduit les frĂšres LĂ©vesque. AprĂšs avoir effectuĂ© une campagne Ă  Terre-Neuve en 1703, il est vendu ; mais il continue sa carriĂšre corsaire, tout du moins en 1704, puisqu’il rĂ©ussit encore des prises, dont l’une en compagnie de HĂ©douais du Bocage sur la Harpie. Le Jean de GrĂące, appartenant toujours au pĂšre de Beaubriand-LĂ©vesque, reste Ă  Granville. En 1702, il est armĂ© pour Terre-Neuve en guerre et marchandise sous les ordres d’un capitaine Allain74. Le GuibourgĂšre est lui aussi rĂ©armĂ© pour Terre-Neuve, toujours sous les ordres de Pierre Dry, sieur de Hautmesnil75, qui profite de sa commission mixte pour rançonner un navire anglais en 170576. 77 Fougeray du Coudray R., Recherches sur la marine granvillaise », LPG 1906, p. 161-192. 32De toute Ă©vidence, Granville a perdu ses meilleurs Ă©lĂ©ments ! La malchance semble en outre s’en ĂȘtre mĂȘlĂ©e77. Des capitaines de valeur, qui auraient pu prendre le relais des LĂ©vesque, subissent de graves infortunes au cours de leurs campagnes de pĂȘche. Olivier Louvel, sieur des Vaux, est emmenĂ© en 1706 Ă  Lisbonne, oĂč il meurt en prison. Jean Hugon, sieur de Hautmesnil, est conduit en Italie, oĂč on le croit longtemps dĂ©cĂ©dĂ©. Pierre Hamel disparaĂźt dans le naufrage de son navire. Nicolas Dry, sieur de la TurbotiĂšre, voit sa jambe droite emportĂ©e par un boulet de canon en dĂ©fendant vigoureusement son navire, le Saint-AndrĂ©. Quant Ă  Charles Hugon, sieur du Tertre, il rentre de captivitĂ© infirme et incapable de naviguer. 33L’activitĂ© corsaire granvillaise persiste malgrĂ© tout un certain temps avec des navires de petit et de moyen tonnage, excĂ©dant rarement les cent tonneaux, avec des rĂ©sultats plutĂŽt modestes. La plupart sont capturĂ©s par les Anglais. L’armateur le plus actif est sans doute François Monbreton, Ă©cuyer, sieur Duprat. Il arme la Suzanne et la Comtesse d’Évreux, tous les deux de cent tonneaux, qui rĂ©ussissent plusieurs prises. AprĂšs la perte de ses capitaines et de ses navires, l’activitĂ© du port normand dĂ©cline alors rapidement. Quand Guynet, intendant de la gĂ©nĂ©ralitĂ© de Caen, vient Ă  Granville en 1712, il ne constate que la dĂ©solation 78 AN, Marine, B3 209, f° 317-318. J’ai trouvĂ© que les habitants ont une inclination particuliĂšre pour la mer, mais qu’ils ont eu le malheur de perdre pendant cette guerre presque tous leurs vaisseaux, et il n’en reste plus que cinq ou six dans le port, attendant la paix pour reprendre la nĂ©goce ordinaire qui consiste en la pĂȘche des morues de Terre-Neuve, cependant la longue interruption de ce commerce a entiĂšrement ruinĂ© les habitants de cette ville qui sont tous du mĂ©tier de la mer oĂč la plupart ont pĂ©ri, en sorte qu’il n’y reste plus que des veuves et des enfants rĂ©duits dans une extrĂȘme misĂšre78. » 34À la diffĂ©rence d’autres ports français, Granville avait rapidement choisi de participer Ă  la guerre de course, lors de la guerre de la Ligue d’Augsbourg. Les dĂ©buts, de ce qui n’était encore qu’un modeste port de pĂȘche, avaient Ă©tĂ© brillants. Cependant, soutenir cette activitĂ© durant vingt-sept annĂ©es, de 1688 Ă  1715, bien qu’interrompues par une courte trĂȘve de trois ans, exigeait des moyens en hommes et en capitaux que Granville ne pouvait pas fournir longtemps, victime de son engagement guerrier et de l’arrĂȘt des campagnes terre-neuviĂšres. Elle s’acheva donc, prĂ©cocement et sans Ă©clat, avant la fin de la guerre de Succession d’Espagne, faute d’hommes, de navires et de ressources financiĂšres, laissant le port exsangue. 79 Ou peut-ĂȘtre davantage encore, si l’on considĂšre les prises non officielles, effectuĂ©es dans des c ... 35Le bilan des campagnes corsaires granvillaises Ă  l’issue de la guerre de la Ligue d’Augsbourg paraissait pourtant flatteur 77 prises et 5 rançons recensĂ©es Ă  ce jour, effectuĂ©es par 25 armements corsaires stricto sensu, auxquelles il convient d’ajouter 12 prises et une rançon79, rĂ©alisĂ©es par des navires armĂ©s en guerre et marchandise. Les prises effectuĂ©es par les frĂšres LĂ©vesque dans les armements mixtes en mission pour le roi sont exclues de ce nombre. RĂ©sultat apprĂ©ciable, eu Ă©gard au petit nombre d’armements. La majoritĂ© de ces prises battait pavillon anglais. De nombreuses captures furent accomplies en association, Ă  deux ou trois, presque toujours avec des Malouins, peut-ĂȘtre pour obĂ©ir au dĂ©sir de Colbert qui souhaitait voir se dĂ©velopper des petites escadres de corsaires particuliers. Beaucoup de ces associations s’effectuent avec Beaubriand-LĂ©vesque, lequel devait vraisemblablement exercer une autoritĂ© charismatique, puisque les autres capitaines corsaires semblaient s’associer naturellement autour de lui au cours des campagnes. La comparaison avec Jean Bart, de ce point de vue, paraĂźt Ă©vidente. C’est sans doute cette autoritĂ© naturelle, doublĂ©e d’une compĂ©tence tactique indiscutable, qui avait dĂ©cidĂ© le ministre Louis de Pontchartrain Ă  lui confier plusieurs vaisseaux du roi, en 1695. La famille LĂ©vesque a rĂ©ussi 45 prises et 5 rançons sur le total des prises et des rançons, hormis celles rĂ©alisĂ©es Ă  partir de 1695 par Beaubriand-LĂ©vesque et La SouctiĂšre-LĂ©vesque, devenus corsaires du roi. MĂȘme si les liquidations de toutes ces prises sont perdues, il paraĂźt logique de supposer que cette famille a gagnĂ© beaucoup d’argent dans la guerre de course, ce qui a dĂ» grandement faciliter son transfert Ă  Saint-Malo. 36Le tableau suivant rĂ©capitule les navires corsaires par annĂ©e. Y sont joints les navires armĂ©s en guerre et marchandises qui effectuĂšrent au moins une prise. AnnĂ©es Navires armĂ©s en course stricto sensu Nombre d’armements Navires armĂ©s en guerre et marchandise ayant effectuĂ© une ou plusieurs prises. Nombre d’armements 1689 Jean de GrĂące 150 tx,Reine des Anges 130 tx,Vierge de GrĂące 150 tx 3 1690 Jean de GrĂące 150 tx,Juste 150 tx,Reine des Anges 130 tx 3 1691 Jean de GrĂące 150 tx,Jeune Homme 150 tx,Paix 200 tx 3 Reine des Anges 130 tx 1 1692 Jean de GrĂące 150 tx,Jeune Homme 150 tx,Louis de Bonnaire, Matignon 200 tx,Paix 200 tx, Saint-AndrĂ© 6 1693 Furet, Jeune homme 150 tx, Paix 200 tx. 3 Claude 160 tx,Patience 130 tx 2 1694 Jeune Homme 150 tx,Brave, Paix 200 tx 3 Jean de GrĂące 150 tx 1 1695 Jeune Homme 150 tx 1 Nicolas 90 tx,GuibourgĂšre 220 tx 2 1696 Jeune Homme 150 tx,Union 100 tx, Volontaire 40 tx 3 Paix 200 tx 1 1697 Jeune Homme 150 tx,Bonne Foi, GuibourgĂšre 220 tx,Perle 60 tx 4 Matignon 150 tx,Paix 200 tx 2 Total 26 ou + 12 au minimum Tableau 3. – Corsaires et navires armĂ©s en guerre et marchandise Ă  Granville ayant rĂ©ussi une ou plusieurs prises pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg 1688-1697. 80 Villiers P., Marine royale
, op. cit., t. 1, p. 134-135 ; Martin-Deydier A., La guerre de course
 ... 37La comparaison avec d’autres ports français, ayant pratiquĂ© la guerre de course au cours de ce mĂȘme conflit, modĂšre toutefois cette importance. Dunkerque compte Ă  son actif 446 armements stricto sensu, Saint-Malo 422, Bayonne 81, Nantes 36, Granville 26 et Honfleur 880. 81 SHAT, V 4, art. 8, section 1, Granville, carton 1, art. 31. 82 Acerra M. et Meyer J., La grande Ă©poque de la marine Ă  voile, Rennes, Ă©d. Ouest-France, 1987, p. 8 ... 83 Lespagnol A., Messieurs de Saint-Malo
, op. cit., t. 1, p. 119. 84 Cabantous A., Dix mille marins face Ă  l’ocĂ©an, Les populations maritimes de Dunkerque au Havre aux ... 85 BĂ©ranger J. et Meyer J., La France dans le monde au XVIIIesiĂšcle, Paris, SEDES, 1993, p. 303. 38Les corsaires granvillais ne paraissent pas nombreux comparativement Ă  Saint-Malo ou Dunkerque quinze fois moins environ. Pouvait-il en ĂȘtre autrement dans un port qui ne comptait, en 1686, que 3 768 personnes parmi lesquelles il y a quelque vingt familles de marchands de quelque considĂ©ration qui font vivre tous les autres, le reste sont matelots n’y ayant que fort peu d’artisans81 ». Saint-Malo, premier port d’armement français82, comptait dĂ©jĂ  plus de 20 000 personnes avec des structures financiĂšres bien assurĂ©es, puisque deux-cents nĂ©gociants marchands animaient l’activitĂ© de la ville83. La population de Dunkerque s’élevait Ă  11 525 habitants en 169584, celle de Bayonne Ă  15 000 et celles de Nantes et de Bordeaux Ă  40 000, Ă  la fin du XVIIe siĂšcle85. 39Le nombre de corsaires recensĂ© pendant la guerre de Succession d’Espagne reste encore incertain. Le tableau suivant, bien que certainement incomplet, traduit cependant une activitĂ© mĂ©diocre de Granville durant cette guerre qui dura pourtant onze ans. AnnĂ©es Navires armĂ©s en course stricto sensu Nombre d’armements Navires armĂ©s en guerre et marchandise ayant effectuĂ© une ou plusieurs prises. Nombre d’armements 1702 ? ? 1703 ? ? 1704 Robert 1 1705 Comte de Mellerand, Suzanne 100 tx, Hirondelle 100 tx 3 GuibourgĂšre 180 tx, Joseph-Olive 2 1706 Comte de Mellerand, Hirondelle 100 tx, Audacieuse 3 Jean Baptiste 160 tx 1 1707 Comtesse d’Évreux 100 tx, Diligente, Chaste Suzanne, Gaye, Sans Pareil 5 Paix 1 1708 RenĂ©, Chevalier d’honneur 2 SirĂšne, Jean Baptiste 2 1709 Bons Amis 1 ModĂ©rĂ© 1 1710 BĂ©nĂ©diction 25 tx, Gaye, Diligent, FidĂšle 4 ExpĂ©dition, Saint-Antoine, Saint-Antoine de Pade 3 1711 Envieuse 1 1712 0 1713 0 Total 20 ou + 10 au minimum Tableau 4. – Corsaires granvillais et navires armĂ©s en guerre et marchandise ayant rĂ©ussi une ou plusieurs prises pendant la guerre de Succession d’Espagne 1702-1713. 40La rĂ©partition entre corsaires stricto sensu et navires armĂ©s en guerre et marchandise reste sensiblement la mĂȘme qu’au conflit prĂ©cĂ©dent la moitiĂ© environ. Il n’empĂȘche que les Granvillais changent de comportement. Les armateurs reviennent Ă  la pĂȘche, sans doute parce qu’elle assure des revenus plus rĂ©guliers. L’activitĂ© corsaire seule semble ne plus les contenter. DĂšs lors, ils pratiquent les deux activitĂ©s, puisque la commission en guerre et marchandise permet cette mixitĂ©. 86 Villiers P., Marine royale
, op. cit., t. 1, p. 146 ; Martin-Deydier A., La guerre de course
, op. ... 41Durant ce conflit, Dunkerque a armĂ© 588 navires en course stricto sensu, Saint-Malo 425, Marseille 146, Bayonne 45, Nantes 39, Granville 20 au minimum et Honfleur 486. 42La comparaison dĂ©nonce une activitĂ© corsaire en rĂ©gression dans le port bas-normand, tandis que celle de Saint-Malo reste stable et que celle de Dunkerque augmente encore par rapport au conflit prĂ©cĂ©dent. Ce dernier arme cette fois trente fois plus qu’à Granville, et Saint-Malo, vingt fois plus. 87 CarriĂšre C., NĂ©gociants marseillais
, op. cit., p. 530. 88 Ibid., p. 529. 43Granville n’est pas seule Ă  connaĂźtre ce dĂ©clin momentanĂ©, puisque Bayonne et Honfleur voient leur activitĂ© diminuer de moitiĂ©, pour des raisons gĂ©ographiques. De son cĂŽtĂ©, Marseille, fait une entrĂ©e remarquable dans l’activitĂ© corsaire. C’est le conflit pendant lequel la course fut la plus intense et la plus fructueuse87. » Par la suite, la citĂ© phocĂ©enne, se dĂ©sintĂ©resse progressivement de l’activitĂ©, avec toutefois des hauts et des bas une certaine atonie Ă  certains conflits, des fortes poussĂ©es Ă  d’autres88. Notes 1 Il ne s’agit pas de nier ici la proximitĂ© dangereuse de l’ennemi que reprĂ©sentait alors l’Espagne pour des ports comme Collioure, Marseille ou SĂšte, mais de mettre en Ă©vidence celle qui existait entre la France et l’Angleterre au dĂ©but de la Seconde guerre de Cent Ans ». 2 AD35, 9 B 453, f° 72. 3 La Vierge de GrĂące 150 tx, cap. François Rossignol et la Reine des Anges 140 tx, cap. Jean Baillon sont de Granville ; le HĂ©risson 150 tx et le ClĂ©ment 150 tx, cap. Pierre Hubert sont de Saint-Malo. 4 AD35, 9 B 453 f° 72. 5 AD35, 9 B 453 f° 51, rapport de Pierre Hubert, capitaine du ClĂ©ment. 6 Ibid. 7 Selon les rapports des capitaines, la Vierge de GrĂące jaugeait 150 tx, la Reine des Anges 130 tx et le Jean de GrĂące 150 tx AD33, 6 B 225, f° 107. Toutefois, le tonnage de ces morutiers pourrait ĂȘtre lĂ©gĂšrement supĂ©rieur selon d’autres sources. 8 AN, Marine, F2 7, f° 239. 9 AN, Marine, F2 8, f° 124. Comme la plupart des morutiers granvillais du XVIIe siĂšcle, le Jean de GrĂące Ă©tait parti de Saint-Malo, oĂč il avait chargĂ© son sel avant de partir pour Terre-Neuve. 10 Ibid. 11 AN, Marine, F2 8, f° 124. 12 Ibid. 13 Le titre de secrĂ©taire du roi Ă©tait un titre de courtoisie, trĂšs prodiguĂ© si l’on en croit Marcel Marion, qui n’hĂ©site pas Ă  le dĂ©finir ainsi titre sans fonction et purement dĂ©coratif » Marion M., Dictionnaire des institutions de la France, XVIIe-XVIIIe siĂšcles, Paris, Ă©d. Picard, 1993, p. 138-139. En Normandie, le mot de vicomte » dĂ©signait des officiers royaux assez semblables Ă  ce qu’étaient les prĂ©vĂŽts dans l’ensemble du royaume, jugeant en premiĂšre instance les affaires des roturiers ; les appels de leurs jugements Ă©taient portĂ©s devant les baillis ». Marion M., Dictionnaire des institutions
, op. cit., p. 553. 14 AN, G5 214, dossier 12, no 132. 15 AN, Marine, F2 9, f° 49, f° 260-263, f° 274, f° 275-276 ; AN, G5 214, Dossier 12. 16 Durant des siĂšcles, Flessingue fut un port hollandais important, nid de redoutables corsaires. De nos jours, il s’appelle Vlissingen, situĂ© en ZĂ©lande aux Pays-Bas. 17 AN, G5 214, dossier 12, feuillet no 132, copie de la dĂ©claration du capitaine Baillon. 18 AN, G5 214, no 134. Le nombre de quatre mille coups de canon semble exagĂ©rĂ©. Le poids et l’encombrement d’une telle quantitĂ© Ă©taient inenvisageables sur un tel navire. On peut toutefois croire que le nombre de boulets tirĂ©s fut rĂ©ellement trĂšs important pour sortir la frĂ©gate d’une telle situation. 19 Le troisiĂšme navire, la Reine des Anges, qui avait accompagnĂ© la Vierge de GrĂące et le Jean de GrĂące dans les attaques corsaires de l’étĂ© 1689 Ă  Terre-Neuve en Ă©tant armĂ©s en guerre et marchandise, est lui aussi rĂ©armĂ© en course, en 1690, sous le commandement d’Olivier Baillon, Ă  la place de Jean Baillon, engagĂ© comme second capitaine sur le Juste. Qui est donc cet Olivier Baillon ? S’agit-il de celui qui avait Ă©tĂ© dĂ©pouillĂ© de sa prise par Jean Baillon en baie de Saint-Pierre de Terre-Neuve, au dĂ©but de l’étĂ© 1689 ? Quant Ă  la campagne corsaire de la Reine des Anges, en 1690, il semble qu’elle ne fut pas couronnĂ©e de succĂšs. En 1691, le navire reprit un armement en guerre et marchandise Ă  destination de Terre-Neuve. 20 Beaubriand-LĂ©vesque portait le mĂȘme prĂ©nom que son pĂšre Jean. Etant tous les deux armateurs, il en rĂ©sulte parfois des confusions dans les archives. Toutefois, seul le fils est surnommĂ© Beaubriand-LĂ©vesque ». 21 Il s’agit des Ăźles Berlingues Berlengas, au Portugal, en face de la ville de Peniche. 22 AN, Marine, F2 9, f° 49. 23 Ibid. 24 AN, Marine, F2 9, f° 60-263. 25 Une fois Ă  bord du bĂątiment anglais, Jean Baillon, vit arriver diffĂ©rentes embarcations. Il s’agissait de l’armateur Thomas Fraslin, sieur Dumoncel, Gilles Chenu, maĂźtre de la Gaillarde, et le corsaire malouin Simon Lancelot, capitaine de la Corneille. Il ne put empĂȘcher un marin granvillais, Louvel Durandier, de prendre deux sacs d’argent et une montre, Ă  son insu. 26 Ibid. 27 AN, G5 214, dossier no 12. 28 AN, Marine, F2 9, f° 260-263. 29 Le cap Finisterre est un promontoire d’une hauteur de 600 mĂštres situĂ© au nord-ouest de la pĂ©ninsule ibĂ©rique. 30 AN, Marine, F2 9, f° 274. 31 Middelburg se situe en ZĂ©lande, non loin de Flessingue Vlissingen, aux Pays-Bas. 32 AD44, B 4886, dossier Jeune Homme. 33 AN, Marine, F2 8, f° 347 34 Ibid., f° 335. 35 Son tonnage variait selon les documents entre 120 et 180 tx. Le plus souvent, il est estimĂ© Ă  120 ou 130 tx. 36 Il fit quatre prises dans la campagne de 1691, quatre autres dans celle de 1692, trois dans celle de 1693 et quatre dans celle de 1694. 37 AN, Marine, F2 9, f° 194. 38 AN, Marine, F2 10, f° 401 et 417. 39 Villiers P., Marine royale, corsaires
, op. cit., t. 1, p. 80-86. 40 La RonciĂšre C. de, Histoire de la Marine française, Paris, 1899-1920, t. VI, p. 204. 41 AN, Marine, B2 106, f° 571. 42 Il s’agit d’AndrĂ© de Nesmond 1641-1702, lieutenant gĂ©nĂ©ral des armĂ©es navales, connu dans la marine sous le nom de marquis », apostillĂ© comme trĂšs habile officier et de rĂ©putation » VergĂ©-Franceschi M., Les officiers gĂ©nĂ©raux de la Marine royale, 1715-1774, Paris, Librairie de l’Inde Ă©d., 1990, t. 3, p. 1251-1255. 43 Son armement avait Ă©tĂ© financĂ© par des Granvillais pour prĂšs de la moitiĂ© AN Marine, F2 16, f° 120 et f° 178. 44 La RonciĂšre C. de, Histoire de la Marine française
, op. cit., t. VI, p. 206. 45 AN, Marine, B2 107, f° 320. 46 AN, B2 107 f° 696 et 711. 47 Duguay-Trouin R., MĂ©moires, Saint-Malo, Ă©d. l’Ancre de marine, 2000, p. 53. 48 AN, Colonies B19, f° 123 et suivantes. Cette rĂ©fĂ©rence lacunaire est donnĂ©e par C. de la MorandiĂšre qui fit l’entiĂšre transcription du contrat dans un article La MorandiĂšre C., Un corsaire granvillais sous Louis XIV. Jean Beaubriand-LĂ©vesque. 1666-1706 », RDM, t. 4, 1962, p. 224-268. 49 AD44, B 4905, dossier Charles d’Antigue. 50 AN, G5 230, f° 308, f° 310, f° 314 ; AD44, B 4905, dossier Charles d’Antigue 51 AN, Marine B3 97 f° 319. 52 AN, Marine, F2 16, f° 120, f° 133 et f° 178. 53 VergĂ©-Franceschi M., La Marine française au XVIIIe siĂšcle
, op. cit., p. 68. 54 La RonciĂšre C. de, Histoire de la Marine française
 op. cit., t. VI, p. 406-472. 55 Ibid., p. 409. 56 Il s’agit de l’üle anglo-normande d’Aurigny Alderney, au nord-ouest du Cotentin. 57 Les Casquets forment un groupe de rochers Ă  quelques kilomĂštres au nord-ouest d’Aurigny. L’endroit est rĂ©putĂ© dangereux depuis que plusieurs vaisseaux y ont fait naufrage. Pour contourner la presqu’üle du Cotentin, il Ă©tait nĂ©cessaire au GuibourgĂšre de passer Ă  proximitĂ© des Casquets. 58 Un raz est un courant marin trĂšs violent qui se manifeste dans un passage resserrĂ©. Le Raz Blanchard est cĂ©lĂšbre. SituĂ© entre le cap de la Hague et l’üle d’Aurigny, il dĂ©signe l’un des courants de marĂ©e les plus puissants d’Europe. Sa vitesse peut atteindre 12 nƓuds lors des grandes marĂ©es d’équinoxe. Lorsque les vents et les courants s’opposent, la mer brise, ce qui rend la navigation difficile et dangereuse. 59 AD27, 216 BP 346. 60 Il s’agit de l’anse de Plainvic, situĂ©e dans l’anse Saint-Martin, Ă  Omonville-la-Petite, au nord de La Hague. 61 AD27, 216 BP 346. 62 AD35, 9 B 55, f° 121 et AN, G5 246, f° 253-254. 63 AN, Marine, Colonies, C11C 6, f° 170. 64 AD35, 9B 478, f° 102-104. 65 AD35, 9B 515, dĂ©clarations du 29/07/1702, 04/10/1702, 11 et 20/12/1702. 66 AN, Marine, C7 160, dossier F. Lair. 67 AN, Marine, C7 19, dossier Baubriand. 68 AD44, B 4907. 69 AD44, B 4908. 70 AD35, 9B 477, f° 5, rapport datĂ© du 10 dĂ©c. 1706. 71 VergĂ©-Franceschi M., Les officiers gĂ©nĂ©raux de la Marine royale
, op. cit., t. 1, p. 225. 72 Ibid., p. 186. 73 VergĂ©-Franceschi M., La Marine française au XVIIIe siĂšcle
, op. cit., p. 69. 74 AD35, 9B 474, f° 172-173. 75 AD35, 9B 474, 21/04/1703 76 AD35, 9B 476, f° 69. 77 Fougeray du Coudray R., Recherches sur la marine granvillaise », LPG 1906, p. 161-192. 78 AN, Marine, B3 209, f° 317-318. 79 Ou peut-ĂȘtre davantage encore, si l’on considĂšre les prises non officielles, effectuĂ©es dans des conditions mal connues, comme celles Ă©voquĂ©es au dĂ©but de ce chapitre. 80 Villiers P., Marine royale
, op. cit., t. 1, p. 134-135 ; Martin-Deydier A., La guerre de course
 op. cit., p. 407 ; Darricau-Lugat C., La course basque et bayonnaise au XVIIe siĂšcle 1663-1698 d’aprĂšs les registres de l’amirautĂ© de Bayonne », RH, t. 290, no 588, 1993, p. 405 ; Ottenhof J., La course et les prises, Ă  Nantes pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg, DES d’histoire, Rennes, 1961, p. 95 ; Bonnot F., Honfleur, un port dans la guerre de la fin du XVIIe siĂšcle Ă  la fin du XVIIIe siĂšcle acteurs et victimes de la course, maĂźtrise, Paris, 2001, p. 30. 81 SHAT, V 4, art. 8, section 1, Granville, carton 1, art. 31. 82 Acerra M. et Meyer J., La grande Ă©poque de la marine Ă  voile, Rennes, Ă©d. Ouest-France, 1987, p. 84. 83 Lespagnol A., Messieurs de Saint-Malo
, op. cit., t. 1, p. 119. 84 Cabantous A., Dix mille marins face Ă  l’ocĂ©an, Les populations maritimes de Dunkerque au Havre aux XVIIe et XVIIIe siĂšcles vers 1660-1794, Paris, Publisud, 1991, p. 114. 85 BĂ©ranger J. et Meyer J., La France dans le monde au XVIIIe siĂšcle, Paris, SEDES, 1993, p. 303. 86 Villiers P., Marine royale
, op. cit., t. 1, p. 146 ; Martin-Deydier A., La guerre de course
, op. cit., p. 407 ; CarriĂšre C., NĂ©gociants marseillais au XVIIIe siĂšcle, contribution Ă  l’étude des Ă©conomies maritimes, Marseille, Institut historique de Provence, 1973, p. 531 ; Crowhurst P., Bayonne privateering 1744-1763 », Colloque CIHM
 op. cit., t. 1, p. 465 ; Meyer J., La course, romantisme
 », op. cit., p. 312, Bonnot F., Honfleur
, op. cit., p. 30. 87 CarriĂšre C., NĂ©gociants marseillais
, op. cit., p. 530. 88 Ibid., p. 529. Avec Direct Ferries vous pouvez trouver un Ferry vers Jersey et le comparer facilement et rapidement avec d'autres traversĂ©es vers la Jersey ou les pays voisins, afin de vous assurer de rĂ©server la meilleure traversĂ©e Ă  notre unique outil de comparaison, vous pourrez comparer de nombreux dĂ©parts similaires Ă  votre sĂ©lection, avec toutes les compagnies, tout comme des traversĂ©es vers d'autres destinations que Jersey pour vous garantir de choisir la meilleure option en quelques clics !SĂ©lectionnez votre lieu de dĂ©part, la traversĂ©e que vous souhaitez, le nombre de passagers et lancez la recherche ! Ferries vers Jersey Cliquez pour voir la carte TraversĂ©es de ferry - Jersey 6 TraversĂ©es / Semaine 2 h Voir prix 4 TraversĂ©es / Semaine 4 h 10 min Voir prix 6 TraversĂ©es / Semaine 10 h 20 min Voir prix 9 TraversĂ©es / Semaine 1 h 25 min Voir prix 4 TraversĂ©es / Semaine 1 h 15 min Voir prix 1 TraversĂ©e / Semaine 1 h 15 min Voir prix 1 TraversĂ©e / Semaine 7 h 15 min Voir prix

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